21eme édition des Lisztomanias de Châteauroux
20 au 25 octobre 2022 "Aimez-vous Brahms et Liszt?
Le "billet" de Marie Hutin : de l'utilité des Lisztomanias…
Cette année encore, nous avons eu le plaisir de vivre un moment fort et de nous rassembler à Châteauroux autour d'une question : Brahms et Liszt ...Brahms contre Liszt ?
Brahms avec Liszt ? Inspirations réciproques ?... Légendes et réalités....
Pour le musicien, le pianiste, le mélomane averti, l'enseignant, ... le voyage au cœur de cette problématique ouvre des portes de curiosité, de compréhension et d'inspiration.
Au fil de ces journées où se lient des amitiés musicales, où s'engrangent des connaissances et où se libère l'émotion artistique, trois pôles se mêlent et s'enrichissent mutuellement : les concerts, les conférences et les académies d'interprétation.
La scène nationale Equinoxe de Châteauroux nous a offert pour les concerts du soir d'une qualité remarquable, un décor inédit, changeant chaque soir, dans une atmosphère presque vénitienne où les bleus, tour à tour électriques et poétiques, nous offraient l'image d'un piano sur l'eau... Brahms était bien sûr à l'honneur et nous avons pu entendre un répertoire de piano, de musique de chambre et de musique vocale, riche et parfois moins connu. Brahms, Liszt, le couple Schumann, Mendelssohn... Chant de l'âme, contrechants, atmosphères tourmentées, mystérieuses, colorées, paisibles, profondes, lumineuses, ...le monde de l'être, suggéré, dévoilé par les sons et les harmonies.
Durant sa précieuse intervention, très attendue comme chaque année, Nicolas Dufetel a su nous emmener dans son travail de recherche sur cette période essentielle de l'histoire du piano, par l'évocation des relations entre ces deux personnages uniques, leurs sources d'inspiration, leur vie, mais aussi dans le contexte de cet immense jaillissement artistique de l'époque !
Avec un enthousiasme communicatif, le musicologue Charles Tobermann, quant à lui, nous a plongés au cœur de l'écriture en regard de ces deux grands compositeurs, Brahms et Liszt, afin de nous révéler, par l'observation du texte même, les liens, les influences, les inspirations réciproques et les orientations créatrices de chacun. Passionnant ! En amont de tout cela, il a su nous montrer comment le génie beethovénien continue de planer au-dessus de l'esprit de la création romantique, comme si celle-ci en tirait sa force pour aller explorer d'autres formes musicales et d'autres inspirations...
Enfin cette chapelle, auditorium Franz Liszt, magique !... Magique pour la proximité qui naturellement se crée entre l'interprète, l'œuvre et chacun de nous. Le son du piano nous enveloppe et nous inspire, éveille toujours plus notre sens artistique et notre curiosité.
Dans ce lieu où les pierres sont imprégnées du son du piano, nous avons eu le plaisir de nous rendre chaque matin à l'Académie d'Interprétation animée par Bruno Rigutto.
Quatre jeunes solistes, dont certains étaient là l'an dernier, ont apporté un répertoire d'œuvres très conséquent, destiné à recevoir ses conseils si précieux et éclairants. Etudes de Liszt et « Sonnet 104 de Pétrarque », « Images » de Debussy, « Prélude, Choral et Fugue » de César Franck, Ballade de Chopin, Sonate de Beethoven, Klavierstücke op. 118 de Brahms,... et bien d'autres œuvres encore ont été jouées lors de ces matinées d'interprétation.
Nous avons pu apprécier l'attachement de Bruno Rigutto à faire émerger de chaque jeune soliste le meilleur de lui-même. Sa faculté à transformer le jeu vers plus de justesse, plus de définition de la note ou de la phrase, et ceci toujours dans l'esprit de l'œuvre et du compositeur ; son attention au son de chacun, « reflet de la vibration intérieure » et son attitude respectueuse envers chaque élève, son humanité et son humour, ses formules, sa philosophie nous le rendent attachant en tant que penseur de la musique et de l’interprétation !
Puis, une surprise : la réapparition, en concert dans la chapelle, du talentueux John Gade dans la 3ème Sonate de Scriabine, en plein déploiement de ses ailes pianistiques !
Enfin, un moment de pur délice lors de l'improvisation de Jean-Baptiste Doulcet sur un film muet des années 20, « L'Aurore » de Murnau, après une séance de classe d'improvisation avec les jeunes solistes.
Ce « billet » n'est pas exhaustif mais il souhaite mettre en lumière le caractère unique et utile de cette manifestation annuelle des Lisztomanias qui sait rassembler des personnes pour qui cette musique est nécessaire, des personnes discrètes aussi, férues de recherche, de désir de vivre cette musique qui façonne notre histoire et qui de ce fait s'offre à nous pour que nous la fassions aimer peut-être, et que nous la vivions, sûrement.
Marie Hutin
La convivialité naturelle de membres de SPL !
Aimez-vous Brahms et Liszt
« Nous sommes quelques-uns à savoir jouer du piano, mais nous ne possédons que quelques doigts de ses deux mains ! »
Brahms sur Liszt, au poète Klaus Groth
« La peste se propage toujours plus loin, dure, déprave les oreilles d’âne du public et corrompt la jeunesse. »
Brahms, à propos de Liszt et de la musique de l’avenir
Quoi que contemporains, Liszt et Brahms développèrent deux esthétiques fort différentes ; et bien que né plus de vingt ans avant lui, on peut dire que Liszt, aux côtés de Wagner, incarna l’idée de progrès dans la musique quand Brahms représenta celle d’académisme.
Révolutionnaire contre conservateur ? Les choses ne sont pas si simples, et Arnold Schönberg lui-même les remettra en cause, en montrant à quel point les compositions de Brahms ont elles aussi prise sur la modernité.
Les deux génies se connurent et se fréquentèrent dans la jeunesse de Brahms. Liszt déchiffra devant le jeune homme certaines de ses pages, avant que ce dernier, poussé d’ailleurs par le hongrois, ne fasse la rencontre providentielle que l’on sait avec Schumann et Clara Wieck.
Dès lors ils prendront des voies divergentes. Ils conserveront en commun l’amour de Bach et de Beethoven, l’inspiration de la virtuosité de Paganini, à laquelle ils rendront hommage, et le goût pour la musique tzigane qu’ils puiseront ensemble à la source de leur ami commun, le violoniste hongrois Eduard Reményi, auquel il faut ajouter Joseph Joachim, le dédicataire du Concerto pour violon de Brahms.
Ce sont ces proximités et ces différences que ont été mises en lumière par de prestigieux interprètes, tels les pianistes Geoffroy Couteau, Joseph Moog, Philippe Bianconi, Jean-Baptiste-Doulcet, Marie Vermeulin, Goran Fillipec, John Gade, Tanguy de Williencourt, Yoan Héreau, l’Ensemble vocal Aedes, le Quatuor Hermès, le violoncelliste Marc Coppey, le violoniste Nicolas Dautricourt et beaucoup d’autres. Pour un romantisme vivace et pluriel.
Jean-Yves Clément, directeur artistique
Jean-Yves Clément Directeur artistique :
La prochaine édition des Lisztomanias se tiendra du
vendredi 20 au mercredi 25 octobre.
« Les femmes de Liszt ! »
Anne Queffelec en ouverture.
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