Don Sanche de Liszt : Un opéra français inédit en France

 

Le 17 octobre 2025 marquera le 200e anniversaire, jour pour jour, de la création d’un étonnant opéra très rarement repris depuis sa création le 17 octobre 1825 à l’Opéra Royal de Paris : Don Sanche ou le Château d’Amour, une œuvre d’un jeune compositeur de 14 ans nommé...Franz Liszt !

Tous les mélomanes connaissent Liszt (1811-1886) comme l’un des plus grands pianistes de tous les temps, et l’un des grands compositeurs de l’époque romantique, contemporain de Chopin, Berlioz, Wagner. Mais peu d’entre eux savent qu’il a composé un opéra lorsqu’il avait 13-14 ans.

Longtemps on a cru cette œuvre disparue, emportée par l’incendie de la bibliothèque de l’Opéra Royal. Pourtant, 100 ans plus tard, une copie d’époque fut retrouvée dans la Bibliothèque de l’Opéra Garnier. Elle se trouve aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale de France. L’œuvre n’a jamais été éditée, mais, en 1886, pour le centenaire de la mort de Liszt, un enregistrement inédit fut réalisé à Budapest par Hungaroton, sous la direction du chef Pal Tamas.

Il s’agit d’un opéra « féerie », que Liszt composa sous la supervision de son professeur de composition l’italien Ferdinando Paer. Si le jeune génie réussissait à écrire un opéra, il deviendrait célèbre, lui prédisait Cherubini, qui l’avait refusé au Conservatoire en classe de piano sous prétexte qu’il n’était pas français ! Liszt devint très célèbre, comme pianiste et virtuose exceptionnel, dès son plus jeune âge.

Don Sanche ne fut joué que quatre fois, car le mort du Roi Louis XVIII interrompit les représentations, au grand dam du jeune garçon. Et de plus la mise en scène prévue ne fut pas alors respectée, des coupes furent imposées. Par bonheur furent retrouvées les planches des costumes d’époque et des indications de décors.

 

Pourquoi reprendre Don Sanche aujourd’hui ?

Outre un anniversaire qu’il est légitime de célébrer, et en attendant l’édition scientifique de la partition par des musicologues, il était tentant de reconstituer, à partir de la copie du manuscrit de 1825, l’œuvre originale. Séduit par la musique, c’est à cette tâche immense que décidèrent de s’atteler deux musiciens professeurs du Conservatoire de Calais, Romuald Ballet-Baz et Mariam Gegechkori, l’un instrumentiste et chef d’orchestre, l’autre chanteuse et metteuse en scène.

Don Sanche a une dimension universelle : composé en français par un enfant hongrois d’origine et autrichien de nationalité, il prend pour thème l’amour chevaleresque et la conquête de la femme aimée par un preux chevalier, grâce à l’aide d’un magicien sensible à l’amour qui nait entre les deux jeunes gens. Il repose sur une légende portugaise adaptée avec habileté par deux librettistes connus à cette époque à la demande d’Adam Liszt, le père du jeune pianiste. Musicalement, il s’agit d’une œuvre de jeunesse, fraiche et chantante, influencée par les contemporains (Beethoven, Weber, Rossini). Socialement, il s’adressait à l’époque au nouveau public issu non de l’aristocratie des salons, mais à un public large, comme les opéras de Mozart quelques 30 ans plus tôt.

Reprendre Don Sanche a donc un sens pour les jeunes d’aujourd’hui, d’autant que le projet calaisien est celui d’un opéra éminemment participatif, auquel sont associés étudiants, élèves et professionnels.

 

L’histoire : le jeune chevalier Don Sanche arrive à la porte d’un château. Il est amoureux d’une princesse, Elzire, qui le traite avec indifférence. Le mage Alidor, gardien du château, lui refuse l’entrée, car celle-ci est réservée aux amants qui s’aiment mutuellement. Alidor touché par la lamentation du chevalier, décide de l’aider à conquérir le cœur d’Elzire. Celle-ci est courtisée par un autre chevalier, Romuald, qu’elle déteste. Elle  non plus ne peut pénétrer dans le Château d’Amour ! Alidor devient l’avatar de Romuald et provoque Don Sanche en duel. Un terrible orage éclate, Don Sanche est blessé, Elzire comprend qu’il l’aime vraiment, et lui jure fidélité. Par la magie d’Alidor, les deux amants se trouvent transportés dans le Château d’Amour.

 

La musique : Cette œuvre s'inscrit dans la tradition opératique de l'époque. Ainsi nous avons trois rôles principaux chantés par un ténor - Don Sanche -, une basse - Alidor - et une soprano dramatique - Elzire -, complétés par trois rôles secondaires chantés par une mezzo-soprano – Zélis - , une soprano léger – Le Page - et un ténor - Un chevalier -. La musique de Liszt donne une part importante à l'orchestre et au chœur. Dans la version prévue au Grand Théâtre de Calais l'orchestre sera constitué de 30 à 35 musiciens et le chœur comprendra une vingtaine de chanteurs.

 

Le sens de notre engagement : « Sur les pas de Liszt » est une association créée en 2012. Elle rassemble des mélomanes passionnés de musique classique et romantique et par l’idéal qui fut celui de Franz Liszt, un des grands artistes humanistes du XIXe siècle : partage, générosité, transmission aux jeunes. Il est donc naturel que cette association dynamique s’aventure dans la reconstitution d’une œuvre méconnue mais porteuse de nouveauté et de valeurs qui ont tout leur sens en notre temps. Ayant organisé en 2023 un voyage sur la Côte d’Opale et un concert centré sur Liszt au Conservatoire de Calais, elle a décidé de tenter l’aventure de soutenir des artistes calaisiens décidés à faire interpréter l’œuvre par des étudiants et élèves entourés de professionnels confirmés. De fil en aiguille, grâce à l’enthousiasme des responsables du Théâtre et du Conservatoire, le projet a pris forme et la recréation a été fixée au 17 octobre 2025, date du 200e anniversaire de la Première de Don Sanche à Paris.

 

Pourquoi une souscription publique  Le principe de faire appel à la générosité du public est éminemment « lisztien ». Ainsi Franz Liszt, qui n’hésitait pas à donner ses cachets pour des œuvres humanitaires, lança une souscription pour l’édification d’une statue à la gloire de Beethoven à Weimar. Les dons qui seront récoltés seront consacrés à la création des costumes par le Lycée professionnel Jean Bosco dans l’esprit de ceux de 1825. 7 costumes pour les rôles principaux, ainsi que ceux du chœur soit une quarantaine de costumes en tout.

 

Résumé du projet

Il s’agit de la recréation dans sa version originale de l’opéra compose par le très jeune Franz Liszt (13-14 ans) et joué à Paris en 1825. Cet opéra, dont le livret est dans un très beau français de l’époque, fait partie des chefs-d’œuvre oubliés. Il donnera l’occasion d’un remarquable travail pédagogique avec des jeunes sur l’histoire de l’opéra, de l’orchestre, des instruments, de l’utilisation de la voix etc...

 

     Calendrier

Le déroulement du projet aura lieu en plusieurs phases : en septembre-octobre 2024, achat des matériaux pour les costumes, travail pour la reconstitution de la partition, conception des éléments visuels de la scénographie, lancement de la souscription. A partir de janvier 2025, premières répétitions du chœur et de l’orchestre. A la rentrée de septembre 2025, premiers essais sur le plateau, puis travail pédagogique de médiation en direction des écoles, collèges, lycées de la ville, avec l’aide des enseignants.

Enfin, le 16 octobre, générale publique pour les scolaires, et le 17 représentation, en présence d’un nombreux public, dont des membres de l’association venus de France, Belgique, Suisse etc. Ultérieurement, des reprises de l’œuvre sont envisageables toute la région